JEEPERS CREEPERS présente la particularité d'être le premier film fantastique "à succès" dont le caractère homosexuel fut unanimement reconnu, dès sa sortie en salles, par les fans du genre. La raison de cette clairvoyance inaccoutumée peut être trouvée dans le "scandale SALVA", présent dans toutes les mémoires, bien que vieux d'une bonne dizaine d'années quand le film parut sur les écrans. En 1989, le cinéaste purgea quinze mois de prison pour abus sexuels sur la personne de l'un des jeunes comédiens de son premier film : Clownhouse. Gageons que si le public n'avait eu connaissance de ce fait-divers copieusement répercuté par la presse, JEEPERS CREEPERS serait simplement considéré comme un excellent film de trouille, point barre. Un peu plus malsain que les autres, peut-être ? Quant à savoir pourquoi, on s'en branle, les mecs !... L'important, c'est qu'ça foute les j'tons !...
FICHE TECHNIQUE :Réal : Victor SALVA - Scén : Victor SALVA - Photo : Don E. FauntLeRoy (ben tiens ! le petit Lord...) - Musique : Bennett SALVAY - Montage : Ed MARX.
Avec : Gina PHILIPS, Justin LONG, Jonathan BRECK, Patricia BELCHER, Eileen BRENNAN, Brandon SMITH, Peggy SHEFFIELD.
RESUME :Trish (Gina PHILIPS) et Darry Denner (Justin LONG), en route vers le domicile parental, sont pris en chasse par une camionnette vétuste, dont le conducteur leur apparaît quelques kilomètres plus loin, à proximité d'une église abandonnée. L'étrange personnage (Jonathan BRECK), tout de noir vêtu, jette d'encombrants paquets de forme humaine dans une sorte de goulot de tôle. Résolu à percer ce mystère, Darry entraîne sa soeur vers l'église, dans le sous-sol de laquelle il découvre un amoncellement de cadavres. Son incursion dans l'antre du meurtrier n'a pas échappé à ce dernier, qui se lance à nouveau à ses trousses...
L'AVIS DE BBJANE :Comme dans la majorité des films fantastiques à caractère queer, l'homosexualité est ici assimilée à l'élément monstrueux. Si JEEPERS CREEPERS est aussi efficace sur le plan de l'angoisse qu'il génère (il fut d'emblée salué par le public et la critique comme l'une des oeuvres les plus flippantes du début de la décennie), c'est que son auteur met ouvertement en scène ses propres démons, qui se trouvent relever de l'un des tabous les plus redoutés de notre époque : la tentation pédophile -- ou plus exactement, la pédérastie, dans le cas qui nous occupe.
N'envisageant évidemment pas d'en faire l'apologie, SALVA ne peut néanmoins renoncer à en tenter la justification -- non sans mauvaise conscience, d'où une certaine ambiguïté dans le propos du film, et le déséquilibre qui l'affecte.
La réussite exemplaire des quarante premières minutes tient, d'une part, au fait que SALVA s'abstient de tout effet de terreur surnaturelle, et d'autre part à ce qu'il épouse exclusivement le point de vue des proies du Creeper -- particulièrement de Darry, le seul qui soit véritablement concerné par les visées du monstre. Or, il se trouve que l'adolescent, malgré la terreur que lui inspire son poursuivant, éprouve à son égard une irrésistible attraction, qui le conduit, tout au long du film, à aller à sa rencontre.
Si l'on prend JEEPERS CREEPERS pour ce qu'il est (une allégorie pédérastique), on ne peut qu'être frappé par l'attitude qu'adopte la victime envers son agresseur, et qui témoigne d'autant d'attirance que de répulsion.
Il y a fort à parier qu'un tel propos, énoncé dans un contexte réaliste, et non sous le couvert du "fantastique", aurait de quoi susciter une rude polémique, propre à fermer à son auteur les portes des producteurs (et le soutien des spectateurs) pour nombre d'années, comme le fit son incartade passée.
Dès la première scène, la suspicion d'homosexualité pèse sur Darry. Ses efforts pour affirmer sa virilité (vitesse inconsidérée au volant, propos machistes envers sa soeur) sont ruinés par une malencontreuse série d'"actes manqués" (dans le "6A4EVR" d'une plaque minéralogique, il lit "Gay forever", au lieu du plus judicieux "Sexy forever" indiqué par sa soeur ; plus tard, il constate que le linge lavé par sa mère a fâcheusement déteint : "J'ai douze paires de caleçons roses !", lance-t-il à Trish, qui lui réplique ironiquement que "c'est peut-être un signe".)
Après avoir tenté d'effrayer les occupants d'un camping-car en se ruant sur leur véhicule, il est à son tour harcelé de la même manière par la camionnette du Creeper -- qui n'hésite pas, pour sa part, à lui rentrer dans le train (oserais-je parler d'"enculeur enculé" ?... Oui, j'ai osé...) Une conjonction pulsionnelle est ainsi signalée entre le poursuivi et son poursuivant.
Suck my truck !!!
Ancêtre boosté au Viagra, franc du pare-choc et avide de collision : le truck vétuste du Creeper est une image transparente du "monstre pédéraste". (L'influence du Duel de SPIELBERG, évidente durant le premier tiers du film, et revendiquée par SALVA, me confirme qu'il ne serait pas malvenu d'apporter une lecture queer au chef-d'oeuvre du papa d'E.T.)
Quelques kilomètres plus loin, Darry et Trish découvrent la camionnette à l'arrêt près d'une église abandonnée, et son conducteur occupé à jeter de sinistres paquets dans une sorte de boyau de tôle. Darry ne sera pas long (LONG, vous avez dit Justin ?...) à vouloir retourner sur les lieux, contre l'avis de sa soeur. Il inaugure ainsi la série des "rétrogradations" que j'ai signalées plus haut, témoignant de son empressement à se jeter "dans la gueule du loup". Si la peur lui interdit de répondre spontanément aux avances du monstre, il ne peut néanmoins s'en détourner.
Trish lui reproche sa coupable envie "d'aller voir s'il n'y a pas un truc sordide".
"Dans les films d'horreur, y a toujours un con qui déconne. T'es ce con-là ?" ajoute-t-elle, comme pour anticiper la réaction des spectateurs. Ce réflexe récurrent chez les protagonistes de films fantastiques, qui consiste à se diriger résolument au devant du danger, suscite invariablement les sarcasmes des adversaires du genre. Pour sa défense, les fans ont coutume d'objecter que, sans ce comportement des victimes, il n'y aurait jamais d'affrontement -- et, partant, pas de film... Justification un peu courte, et argument fort pratique pour éluder la question sensible : l'attirance de la future victime pour son futur bourreau (et, dans le cas de films au sous-texte queer, l'irrésolution des héros dans leurs choix sexuels.)
Attiré par "les trucs sordides", Darry ira donc se pencher sur le curieux orifice dans lequel le Creeper balance ses cadavres. Ce conduit menant aux entrailles de l'Enfer, et qui exhale une forte puanteur, n'est autre que l'anus du Mal (qui a dit du Mâle ?... Désolé, on l'a déjà faite, celle-là...), objet de curiosité autant que d'appréhension pour notre hétéro vacillant, et source de révélations prodigieuses.
La scène de la chute de Darry dans Le Trou multiplie les allusions olfacto-scatologiques à tendance homoérotique -- depuis l'insistance de Trish à évoquer l'odeur de chaussettes et de baskets crades de son frère (on sait le fétichisme homo relatif aux "skets et panards" -- et cette référence abonde dans le film...), jusqu'à la dégringolade dans "toute cette merde", en passant par les multiples cadrages accusant l'aspect organique du conduit.
Ce que découvrira Darry dans le sous-sol, sera -- selon ses propres termes -- "la Chapelle Sixtine d'un fou" (l'allusion à Michel-Ange, de qui l'on connaît les inclinations sexuelles, n'est certainement pas innocente, dans le contexte.) Les parois de l'antre et sa voûte sont tapissées d'un enchevêtrement de cadavres pourrissants, vision dantesque empruntée au Frayeurs de Lucio FULCI (l'exploration souterraine du cimetière de Dunwich), mais également évocatrice des charniers de la Seconde Guerre Mondiale. SALVA -- comme la plupart des auteurs spécialisés dans le fantastique -- semble suggérer que le retour du refoulé, et son déchaînement, ne peuvent qu'aboutir sur l'horreur du serial killer ou sur celle du nazisme -- encore ne faut-il pas oublier que le refoulé n'existerait pas, et, de fait, n'aurait aucune raison de se déchaîner, sans les contraintes entretenues par la Raison Sociale. Ce sont les garde-fous qui engendrent les fous, ce que le "fantastique", essentiellement réactionnaire et puritain, répugne à considérer.
Darry regagnera l'air libre et la surface terreste dans un état de stupeur identique à celui d'une victime d'un viol. Sa soeur, assez peu soucieuse de sa traumatisante expérience, ne cessera de lui marteler qu'il "sent la merde" -- inévitable conséquence de l'exploration des fondements...
Comme s'il prenait soudain conscience de s'être aventuré (et d'avoir entraîné son public) dans des régions décidément trop obscures et trop intimes, SALVA fait dès lors basculer son film dans le fantastique pur.
Plus question de laisser planer le doute sur l'origine surnaturelle du Creeper ; tout est mis en oeuvre pour que le spectateur renonce à s'interroger plus longuement sur les motivations profondes (trop humaines ?) du monstre. Textuellement, il devient un épouvantail de plus dans la galerie des famous monsters.
L'accumulation frénétique de détails abracadabrants et d'invraisemblances scénaristiques témoigne de la panique de SALVA, atterré par les implications profondes de son oeuvre, et par le ton de confession qu'il avait jusqu'alors adopté.
Décidé à se ressaisir, le cinéaste fait sombrer son film dans le n'importe quoi : intervention soudaine d'une voyante noire qui connaît tout sur tout et nous assène l'historique complet du monstre en deux coups de boule de cristal ; scène parfaitement superfétatoire de la "Vieille aux Chats", victime du Creeper ; introduction de gimmicks ineptes et jamais justifiés (pourquoi la chanson "Jeepers Creepers" annonce-t-elle inévitablement le surgissement du monstre ?... pourquoi se manifeste-t-il uniquement "tous les 23 printemps pendant 23 jours" ?...)
La Vieille aux Chats --
on déplorera que Victor SALVA n'ait rien trouvé de mieux à offrir que ce rôle ridicule à la sublime Eileen BRENNAN.
on déplorera que Victor SALVA n'ait rien trouvé de mieux à offrir que ce rôle ridicule à la sublime Eileen BRENNAN.
Pour excuser ces lacunes, SALVA fait remarquer par sa providentielle voyante black que ses révélations ne sont pas "comme un film... il y manque des bouts, parfois..."
De-ci de-là, cahin-caha, le sous-texte rejaillit pourtant à la faveur d'un plan ou d'une réplique. Ainsi, le Creeper est décrit comme "une créature avide, échappée de la face cachée du Temps" (ou du "placard" de l'Histoire ?...) ; on nous apprend également qu'il est "habillé en homme pour cacher qu'il n'en est pas un", et qu'il "mange des organes qui le renouvellent" (retour au croquemitaine pédéraste, trouvant dans la jeunesse de ses proies matière à tromper son vieillissement).
De même, au plus fort du danger, Darry continue de renâcler lorsqu'il s'agit d'échapper au monstre : "Ralentis ! Tu vas nous tuer !", lance-t-il à sa soeur, qui les exposerait pourtant à une mort plus sûre en roulant plus lentement...
Dans la plus totale confusion scénaristique (ou en raison de cette confusion), SALVA laisse néanmoins certains indices lui échapper. Ainsi, à l'issue de la première confrontation entre le Creeper et "la Vieille aux Chats" : "Qu'est-ce que TU m'as ramené ?", lance cette dernière à Darry, en lui balançant la crosse de son fusil dans les parties. Elle suggère par-là que l'adolescent (non sa soeur) est la proie d'élection du monstre. Ce que nous confirme le finale : ayant reniflé tour à tour Darry et Trish, le Creeper envoie dédaigneusement valdinguer le jeune fille, et prend la poudre d'escampette avec son frère.
Trish a beau prétendre désespérément, pour inciter la créature à la choisir, qu'elle a "la même chose que Darry en elle" ("chose" qui, là encore, n'est jamais explicitée, mais est très clairement un parfum d'homosexualité), rien n'y fera : le croquemitaine n'en pince résolument que pour les garçons...
Encore un bel exemple d'"acte manqué"...
Comment réparer les outrages homosexuels ? En nouant un slip rose à son pare-choc arrière, bien sûr !...
Le dernier plan du film nous montre le Creeper regardant la caméra à travers les orbites vides d'un Darry fraîchement dépecé. Ces yeux qui nous fixent, brillant de haine -- ou de convoitise -- sont ceux du jeune garçon, que le monstre vient de se greffer. Par cet acte, il consacre l'union avec sa victime -- et par ce regard, il nous rappelle qu'au fond, tous deux ont toujours partagé le même point de vue.Comment réparer les outrages homosexuels ? En nouant un slip rose à son pare-choc arrière, bien sûr !...
Par le petit bout de la lorgnette : "l'enculeur enculé".
Parce qu'il amena les fantasticophiles à s'interroger (enfin !) sur le sous-texte homosexuel de leur genre favori, JEEPERS CREEPERS peut être regardé, en dépit de ses faiblesses et de ses regrettables ruptures de ton, comme un film-charnière. En ce sens, on peut considérer qu'il y a désormais un avant et un après J.C.
N.B. : Sauf erreur de ma part, aucun commentateur n'a signalé l'évidente parenté entre le Creeper et les "Maigres Bêtes de la Nuit" lovecraftiennes -- créatures ailées arrachant leurs proies à la Terre pour les emmener vers un ailleurs de cauchemar, qui hantèrent les nuits du "reclus de Providence", sa vie durant. Hommage conscient, ou similaire sublimation onirique / artistique d'obsessions pédérastiques ?... Je vous laisse en juger...
LIENS :
Aucun qui mérite d'être signalé.
15 commentaires:
Excellent !
Superbe analyse, "en profondeur". Je trouvais déjà le film flippant, mais ta décortication est encore plus flippante, tant elle remue avec plaisir les entrailles de l'horreur. Je suis sûre que même le monstre en a les tripes à l'envers !
Dommage que Le "Jeepers Creepers 2" n'ait pas été à la hauteur du 1 (à part les dix premières minutes, il est rudement décevant et nous ramène davantage au mauvais Craven qu'au terrifiant Fulci).
Sur ce... vivement un nouveau post ! Mais en attendant, je vais me remettre de celui-là... en le relisant encore une fois avec plaisir ;)
Encore une sublime analyse qui me laisse scotché sur mon tabouret ! Encore un film qu'il va me falloir acheter ! Bravo, chère BBJANE !
Quelle superbe analyse à laquelle j'ajouterais qu'un point fort de Jeepers Creepers et peut être encore plus pour sa suite est la qualité de ses images. Salva a un remarquable sens du cadre qui lui fait souvent utiliser la grue pour des plans en plongée (par exemple le plan du toit du car sur lequel bronze les jeunes sportifs au début de Jeepers Creepers 2). Il change également très souvent de valeur de plan et se sert de plans très larges ce qui est assez rare dans ce type de films et n'hésite pas non plus à varier les optiques.
Il ne faut pas non plus oublier que le grand film de Salva (que devient-il?) est "Rite of passage malheureusement pas édité en France mais trouvable aux USA. Ce film qui touche plusieurs genres est clairement autobiographique pour certains passages et c'est toujours aussi bien filmé en particulier en ce qui concerne les scènes de nuit...
Bernard Alapetite
RRMAGNIFICO!!!
Quelle merveilleuse analyse!!
Nul n'est jamais allé aussi loin dans une étude sur ce "JEEPERS CREEPERS" qui mérite vraiment son statut de film culte!!!!
Il est vrai que l'on se plait à rêver à une première partie de film plus développée de la part de Victor Salva(l'antre du monstre et ses habitudes, par exemple!!! c'est vrai, en 23 ans de repos, il doit s'occuper quand même, le bougre!!!), mais ne boudons pas notre plaisir!!!
Un immense merci, BB JANE, et nul doute n'est permis quant à une analyse d'un autre "creeper" intemporel, le Harry Powell de "LA NUIT DU CHASSEUR"!!!
A très bientôt donc et mes respects à toutes et à tous!!!
yrreiht zetlub
Je rejoins l'analyse de YRREIHT ZETLUB (ndla: j'ai lu ton nom dans mon mirroir, cow boy ;o) ): "Jeepers Creepers" s'inscrit directement dans la lignée de "La Nuit du Chasseur", chef d'œuvre qui mériterait lui aussi de passer à la moulinette analytique babyjanesque!
En réponse à Damien et Yrreith :
Okay, les mecs... Je vais revoir, pour la 6 666ème fois, "La Nuit du Chasseur", et tenter de le passer à ma moulinette... Ça tombe bien, j'ai mon amoureux sous la main, qui n'a jamais vu le film, et se fera un plaisir de le découvrir... Ceci dit, c'est le genre d'œuvre à ce point Majeure, que l'on tremble à l'idée de rédiger un papier dessus. C'est pourquoi il faudra attendre que ça mûrisse avant de le voir apparaître ici. Mais il est évident que, unique réalisation d'un cinéaste homosexuel, cette "Nuit" a tout à fait sa place dans ce blog...
Amitiés...
You-piiiiieeeee ! Moi aussi, je vote pour une analyse de "La Nuit du Chasseur"!
J'attends avec impatience de lire ce que tu vas écrire sur le cran d'arrêt de Robert Mitchum/ Harry Powell ;o)
pas encore vu Jeepers mais cela fait longtemps que j'en entends parler. L'article donne vraiment envie d'en savoir plus !
A bientot, et bonne suite de blog...RAV mais Lu Jean Teulé et cela m'a fait pensé à l'humour noir qui traverse Mlou, mais je te trouve + efficace que lui en la matière !
je n'avais jamais remarqué ce stuff crypto-homo dans Jeepers Creepers... mais j'ai pas mal aimé
Se film resemble beaucoups. A lhomme papillion, la prophecie de l'ombre avec Richard Gire. Le a peu près le même personnage, c'est
exellent, bien réusi.
Je n'avais pu emettre d'avis à l'époque, sous le pseudo de dalifan n'ayant pas vu le film, mais à présent, non seulement je rejoins ta superbe et pertinente analyse et la plussoie, mais elle m'est d'autant plus précieuse que je suis amenée en ce moment, via la relecture/réécriture de Bleu El, à réfléchir à ce sujet O combien perturbant en ce moment de la pédérastie qui semble être l'un des thèmes/termes les plus honnis du 21ème siècle... Or, tout ce qui fâche me semble, - forcément digne d'intêrêt ! continuant d'éprouver des difficultés à lire sur l'ordi , je m'en vais imprimer cet article et le relire une seconde fois, ainsi que les commentaires, d'Yreeith, notamment qui avait été le 1er à me signaler, quasiment à sa sortie, ce film. Merci d'avoir mis ton lien sur FB vers cet article, que j'avais oublié !
voilà, j'ai TOUT lu, l'analyse et les commentaires. Et je suis - un peu - étonnée que tu n'ai pas fait de parallèle avec Délivrance ! En voyant JC, j'ai aussitôt pensé à ce film, d'autant que le cadre ( le sud profond et 'arriéré' ) des USA y est copieusement mis en avant. Donc me demande si le realisateur n'a pas aussi puisé de ce côté là. Il n'empêche que tu as ULTRA raison sur la bascule du film qui m'a un peu déçue : le fait que l'on démarre dans l'ultra réalisme et qu'ensuite, dérouté par les couvercles de poubelles soulevés, le cinéaste s'emballe et tente de justifier son propos par un salmigondi confus de voyante noir de dame aux chats et de 'sorte' de vampire, où seul surnage, effectivement le concept de 'peur' ( vraisemblablement la crainte d'affronter ses démons intérieurs) clairement évoqué à la fin du film.
Le film est génial par ce qu'il lève du voile puissant de la bienséance, mais il échoue à aller vraiment au fond de sa propre auto analyse... Cela me fait penser à ce que m'a dit l'écrivain ( excellent par ailleurs ) qui m'a remis le prix. Il m'a dit ne pas aimer le mélange policier / fantastique dans ND parce que le fantastique sert ' d'excuse' à la résolution de l'énigme, et je me dis qu'il n'a pas tort...Jeeper aurait gagné à aller au fond des choses ( sans jeu de mots )en restant dans le réalisme, mais il aurait échoué à séduire les foules qui préfèrent la facilité & ne pas se creuser la tête... SI les commentateurs n'ont nulle aprt relevé la référence à lovecraft - evidente , maintenant que tu l'as pointée du doigt - c'est parce que je ne vois pas les journaleux actuels de cinoche capable d'avoir lu Lovecraft. L'absence de culture en ce milieu est hélas, de plus en plus palpable...
en tous les cas, bravo,me faire réfléchir ainsi un dimanche aprem est un tour de force ! lol
Merci infiniment, Dalifan, pour tes commentaires nourris et argumentés.
Je n'ai pas grand-chose à ajouter, sinon que je continue de penser, comme tu l'écris, que "le film est génial par ce qu'il lève du voile puissant de la bienséance, mais il échoue à aller vraiment au fond de sa propre auto analyse..."
Bien sûr, on peut songer à "Délivrance" -- bien que le film de Boorman soit strictement réaliste. Les deux films dégagent la même ambiance de moiteur et d'expectative, sans parler du sous-texte homo. Mais alors que Salva traite de pédérastie (je préfère ce terme à celui de pédophilie, puisque, dans le film, Darry n'est pas un gamin, mais un grand ado), Boorman est plus dans un trip gay/SM ultra-viril et "bear"...
Merci encore. Je t'embrasse !...
sans jeu de mots ( ou avec ) ce film a de quoi ébranler les convictions de chacun, homo comme hétéro, le réalisateur s'est-il rendu compte du 'pouvoir' iconoclaste de son film ? Possible, et en ce cas, la partie ( ratée je trouve ) fantastique lui sert de paravent. Bien efficace, pusique les foules ébahies n'y ont finalement vu que du feu, il fallait, peut-être comme toi connaître le passé sulfureux du réalisateur pour faire le rapprochement ? En tout cas, un film et un propos à évoquer quand on se verra ' dans le vrai', parce que je ne peux pas tout écrire ici !):D
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